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La visite du président algérien Abdelaziz Bouteflika au Canada

Dans ses diverses conférences de presse qu’il a tenues à Ottawa et à Montréal, Bouteflika affirme qu’il était prêt à négocier une coopération non restrictives avec le Canada dans le domaine politique, économique tous secteurs confondus, jusqu’au domaine militaire et sécuritaire.

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La visite du président algérien Abdelaziz Bouteflika au Canada du 14 au 18 mai dernier s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations bilatérales entre les deux pays. M. Bouteflika, a eu, durant son séjour des discussions avec les hautes autorités canadiennes ainsi qu’avec les hommes d’affaires afin de les convaincre à venir investir en Algérie et d’affirmer que le pays avait passé le pire de la crise sociale et politique qui l’ébranle depuis des années.

Dans ses diverses conférences de presse qu’il a tenues à Ottawa et à Montréal, Bouteflika affirme qu’il était prêt à négocier une coopération non restrictives avec le Canada dans le domaine politique, économique tous secteurs confondus, jusqu’au domaine militaire et sécuritaire.

L’Algérie, qui est considérée comme un partenaire potentiel et même privilégié pour le Canada, n’a pas encore établie de liaison aérienne par le biais de la compagnie Air Algérie. Interrogé à ce sujet, le président a émis des réserves. La communauté algérienne résidante au Canada, principalement au Québec, avoisine les vingt-cinq mille (25 000).

Le président algérien a dressé un tableau d’une Algérie qui émerge d’une crise multidimensionnelle et a réussi à restaurer ” la paix, la tolérance et la concorde, préalables indispensables à toute relance économique, sociale et culturelle.” M. Bouteflika a assuré que la violence avait diminué dans son pays et que la majorité des forces politiques et sociales soutiennent son entreprise de redressement national.

Interrogé sur le retour de la violence en Algérie depuis son investiture, le président a répondu :” Je n’ai jamais promis de miracles. J’avance lentement mais j’avance sûrement. Je n’ai jamais dit que j’avais une baguette magique, pas plus que la bague de Souleymane, pas plus le bâton de Moïse pour faire des miracles. J’avance avec prudence mais j’avance quand même.”

Questionné sur la francophonie qui serait revêtue du caractère tabou en Algérie, M. Bouteflika a expliqué que la francophonie était au départ une entreprise culturelle qui s’est anormalement transformée en entreprise politique où l’Algérie n’a pas d’action : ” S’il est demandé uniquement à l’Algérie de renforcer un axe de culture pour bloquer un autre axe de culture, en d’autres termes l’anglophonie, je considère que le jeu ne vaut pas la chandelle.” Le président estime que si la France est prête à ouvrir des lycées, à ouvrir des écoles pour assurer le rayonnement de la langue arabe, il est prêt à étudier avec elle un échange ” sur la base de nobles idéaux”. L’Algérie a initié, des années durant, une politique d’arabisation de l’enseignement imposée et qui a abouti à un secteur éducatif sinistré tel que l’avait constaté feu le président Mohamed Boudiaf, assassiné le 29 juin 1992.

Bouteflika a, par la suite, démontré son agressivité à l’égard d’une cause absolument légitime: la langue amazigh. Interrogé sur ce thème, le président, hors de lui, a rétorqué: “Je répéterai mot-à-mot ce que j’avais déclaré à Tizi-Ouzou ( Il a estimé que la langue amazigh ne sera jamais officielle et si elle serait nationale, ce serait par voie référendaire. NDR) en toute clarté et avec ma profonde conviction que la langue arabe est la seule langue officielle et nationale de mon pays. Et si une autre langue devrait intervenir, ça serait l’objet d’un référendum à l’échelle nationale. Je n’appartiens pas à la mouvance de l’amazighité (…)” Ainsi donc, Bouteflika réprime la revendication amazigh, langue nationale de fait, parlée par une majorité d’Algériens.

Le très nombreux parterre de journalistes, canadiens et étrangers accrédités au Canada, ont également questionné Bouteflika en sa qualité de président en exercice de l’organisation de l’unité africaine (OUA).: “Les causes des problèmes de l’Afrique sont à la fois endogènes et exogènes. La richesse de certains Africains est à la fois bénédiction et malédiction. Le Congo est en train de continuer une guerre fratricide non pas pour des idées mais pour des richesses dont profiteront les étrangers.”

Le président Bouteflika a sévèrement condamné la marginalisation qu’inflige au continent africain la mondialisation: ” C’est une faute politique impardonnable.”

Concernant le Maghreb, le chef de l’état a émis le souhait de renforcer et de normaliser les relations diplomatiques avec les pays voisins particulièrement le Maroc.

Le président Bouteflika , a fait une violente sortie contre le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik. Il a exprimé publiquement les raisons pour lesquelles l’Algérie avait refusé l’entrée à ce journaliste. ” Voilà un frère qui nous vient de Tunisie. Nous avons suivi son odyssée avec beaucoup de sympathie. Nous étions particulièrement endoloris par les problèmes qui étaient les siens. Et voilà qu’il arrive à Paris et qu’il traite Ali la pointe, héros national de proxénète. Alors je voudrais vous dire : il est indésirable dans mon pays, et il n’est pas le bienvenu. On n’insulte pas les symboles de l’Algérie. L’Algérie n’est pas un dépotoir”. Cette réaction est comprise par plusieurs journalistes, que le pouvoir algérien voulait surtout par ce geste ne pas porter ombrage à ses relations avec le régime tunisien.

La tournée de Bouteflika,de quatre jours au Canada, est essentiellement économique, en témoigne la composition de sa délégation.”j’ouvre l’Algérie au Canada ” a-t-il dit en mentionnant que le Canada n’a ni passif colonial, ni pensées néo-coloniales, et qu’il était un des seuls pays qui ne s’était pas débiné aux temps forts du terrorisme qui a frappé l’Algérie au cours de la dernière décennie.

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