Par Pr Wiam El Khattabi
Pneumologue – Enseignante à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Casablanca

Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) communément appelé « l’apnée du sommeil » est un trouble de la ventilation nocturne dû à la survenue anormalement fréquente de pauses respiratoires. Ce syndrome est dû à l’obstruction du pharynx (arrière de la gorge) occasionnant des interruptions (apnées) ou des réductions (hypopnées) de la respiration durant le sommeil. Ces anomalies de respiration vont durer plus de 10 secondes et se produiront plus de 5 fois par heure de sommeil (le sujet normal en fait moins de 5 par heure) et peuvent se répéter une dizaine voire une centaine de fois dans une nuit.
L’âge constitue le principal facteur de risque. Le vieillissement est en effet associé à une perte de souplesse des voies aériennes respiratoires, probablement en raison de l’affaiblissement neuromusculaire, conduisant à une plus grande facilité « d’effondrement » du pharynx.
Le surpoids, et plus particulièrement l’obésité, est un second facteur de risque très important. L’apparition de dépôts graisseux le long du pharynx, entraînant un rétrécissement des voies aériennes et une diminution du volume du conduit respiratoire, explique cette association.
Et si le fait d’être un hommeaccroit le risque d’apnées, cette différence devient moins perceptible après la ménopause. Ceci suggère un rôle hormonal qui joue sur la résistance des tissus. Ce point reste toutefois à clarifier.
D’autres facteurs exposent au risque d’apnées du sommeil comme les malformations crânio-faciales ou encore l’alcoolisme et le tabagisme dont le rôle direct reste encore non clarifié.
La principale conséquence de cette réduction ou interruption de la ventilation pendant le sommeil est le manque en oxygène. L’oxygène étant un élément vital, le cerveau va réagir par une réactivation (alors qu’il est sensé se reposer durant le sommeil) et la personne va se réveiller pour reprendre sa respiration. L’éveil est souvent bref et la personne n’en prend pas conscience, on parle alors de « micro-éveils ».
Le SAHOS est systématiquement rattaché au ronflement nocturne, cependant ce signe, bien que très fréquent, peut être absent chez quelques patients. C’est la somnolence diurne excessive (tendance à s’endormir facilement la journée), conséquence d’un sommeil de qualité médiocre, qui doit attirer l’attention.
Le SAHOS non traité peut s’associer à plusieurs complications. D’abord, la qualité de vie au quotidien est altérée à cause de la fatigue et de la somnolence. De plus la personne se sent irritable, en manque de concentration et se plaint de trouble de mémoire. En raison de la baisse de la vigilance, le risque d’accidents du travail et d’accidents domestiques. Enfin, le risque d’accidents de la voie publique constitue un danger pour soi et pour la collectivité et ce en raison de la somnolence anormale au volant.
Les conséquences à long terme du SAHOS sont multiples et s’associent à une augmentation du taux de la mortalité, particulièrement de cause cardiovasculaire. C’est ainsi que le SAHOS est à rechercher devant toute hypertension artérielle, surtout quand elle est sévère. Il s’associe également aux maladies coronariennes, à l’insuffisance cardiaque ou encore aux accidents vasculaires cérébraux où le manque d’oxygène sanguin (hypoxémie) est un facteur causal ou aggravant.
Le SAHOS est très souvent associé à d’autres situations pathologiques comme les maladies métaboliques (anomalie du bilan lipidique, diabète, syndrome métabolique …), les maladies de l’œil (cataracte …) ou encore aux cancers (le lien avec le cancer du sein vient d’être établi et il est très possible concernant celui de la prostate) ; la liste est encore longue …
Enfin, il est à souligner que le SAHOS a un traitement efficace basé idéalement sur le port d’un masque (narinaire, naso-buccal, facial …) rattaché à une machine qui assure une pression positive continue. Pour simplifier, cette machine extrait l’air ambiant et l’insuffle dans la gorge avec une pression dite positive, c’est-à-dire supérieure à la pression de fermeture du pharynx. Elle agit comme une sorte d’attelle pneumatique qui s’oppose au collapsus (fermeture) du pharynx. Elle prévient, par conséquent, les apnées et hypopnées et toutes les conséquences précitées. Pour les formes non sévères, l’orthèse d’avancement mandibulaire peut être proposée. Il s’agit d’une sorte d’appareil dentaire (gouttière) porté la nuit et qui avance la mâchoire inférieure (la mandibule). Il vise ainsi, à écarter la paroi antérieure de la paroi postérieure du pharynx et maintenir un pertuis aérien. Enfin, des techniques plus récentes sont toujours en cours d’étude (laser, radio-fréquence …) mais qui ne rentrent toujours pas dans les recommandations de traitement.
Bien entendu, les règles hygiéno-diététiques et l’éviction de certains facteurs comme l’alcoolisme et le tabagisme est de mise.
Il est à souligner qu’il n’y a pas, à ce jour, de traitement médicamenteux efficace. Cependant, certains médicaments sont à éviter comme les somnifères et les anxiolytiques.
Dans les « SAHOS positionnels », formes où la maladie est liée à une position, le plus souvent dorsale, il est impératif d’éviter cette position. Pour cela, certaines astuces seront proposées telle la pose d’un cale-dos ou l’insertion d’une balle de tennis (ou de ping-pong) dans le pyjama …. Le fait d’éviter de dormir sur le dos peut, dans certains cas, faire disparaître tout ou une partie des évènements.
Au final, le SAHOS est un problème majeur de santé. Consulter tôt permet de dépister précocement la maladie et éviter ses complications. Les principaux signaux sont la somnolence diurne excessive associée ou non au ronflement ou encore une hypertension artérielle difficile à contrôler. Parlez en à votre médecin.