Texte par :Ndiasse Sambe
À une semaine du coup d’envoi, le Maroc, double tenant du titre, menace de boycotter le Championnat d’Afrique des nations organisée en Algérie. Les raisons avancées seraient logistiques, mais impossible de ne pas y voir les relents de la crise diplomatique qui tend les relations entre Alger et Rabat depuis plusieurs années.
Vendredi 13 janvier, l’Algérie donnera le coup d’envoi du 7e Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) face à la Libye à Baraki, dans la banlieue algéroise. Mais à une semaine du début de la compétition, réservée exclusivement aux joueurs évoluant sur le continent africain, le pays organisateur et le double tenant du titre jouent une rencontre loin des pelouses. Un match diplomatique tendu, exacerbé par le passif entre les deux pays, et relancé par une question logistique autour du CHAN.
Les deux pays ont fermé leur frontière depuis 1994 et aucun vol direct ne s’effectue entre les deux pays du Maghreb. Pour le CHAN, afin de contourner le problème, l’organisation algérienne a proposé au Maroc un vol Rabat-Tunis-Constantine, cette dernière ville étant celle où sont logées les équipes du groupe C dans lequel évolueront les Lions de l’Atlas.
Relations diplomatiques rompus
Une option trop contraignante pour la Fédération royale marocaine de football qui rétorque le 28 décembre avoir « demandé le déplacement de la sélection marocaine via un vol spécial de la Royal Air Maroc, transporteur officiel, depuis Rabat vers Constantine. (…) Dans le cas du non-respect de ce point, le comité directeur de la FRMF a décidé à l’unanimité de ne pas participer à cette édition. »
Une menace hautement brandie avant une première reculade du président de la Fédération marocaine de football deux jours après. « Contrairement aux informations véhiculées durant ces dernières 24 heures, nous avons demandé que l’avion dispose de l’autorisation d’atterrir à Constantine. Et bien évidemment, le transporteur officiel de toutes les équipes nationales est Royal Air Maroc », précise Faouzi Lekjaa.
Ces bisbilles entre les deux voisins maghrébins n’ont pourtant rien de surprenant au regard des relations entre les deux pays depuis quelques années. Déjà tendues, les relations diplomatiques entre Rabat et Alger ont été rompus unilatéralement, il y a plus d’an, par l’Algérie qui accusait le royaume chérifien « d’actions hostiles ». Depuis, malgré les tentatives de médiation, la tension reste vive, comme lors la Coupe du monde où le parcours du Maroc a été zappé par les télévisions nationales algériennes.
« Le CHAN le moins bien préparé »
Pour l’heure, rien n’indique officiellement un boycott des Marocains, même si la tendance était très forte selon les dernières informations de la presse marocaine, au moment où les Lions de l’Atlas débutent leur stage de préparation ce vendredi 06 janvier, à dix jours d’entrer en lice face au Soudan. « C’est le CHAN le moins bien préparé depuis que le Maroc participe au tournoi », estime un journaliste basé à Casablanca.
De son côté, la Confédération africaine de football fait comme si de rien n’était et n’a pas, non plus, communiqué sur la question. Mais un boycott du Maroc, malgré une grande influence de son président de la Fédération, pourrait pousser la CAF a des sanctions qui toucheraient certainement l’équipe nationale A, au moment où celle-ci vit une des plus belles périodes son histoire avec cette quatrième place au dernier mondial qatarien.