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Atelier-débat sur la migration féminine. Migration circulaire: le cas des femmes agricoles

Projet DEPOMI

Déploiement des politiques migratoires au niveau régional

Vues d'Afrique
DÉPLOIEMENT DES POLITIQUES MIGRATOIRES AU NIVEAU RÉGIONAL- DEPOMI- MAROC

Bin El Ouidane, 1 avril 2022

Bonjour,
Membres d´une association Espagnole pour les droits des femmes et le développement au
Maroc, nous souhaitons apporter notre témoignage au sujet du projet DEPOMI.
Après lecture du livre de Chadia Arab “Dames des fraises” paru en 2018 “qui relate comment
des femmes Marocaines sont recrutées pour venir travailler dans les grandes propriétés
agricoles dans le sud de l´Espagne depuis l´an 2000, le projet DEPOMI nous a paru intéréssant
puisqu´il permet à ces ouvriéres agricoles de percevoir un revenu.
Mais quand est-il des conditions d´accueil pour ces femmes Marocaines une fois arrivées en
Espagne?
Nous avons eu l´occasion de rencontrer certaines d´entre elles, qui se trouvent actuellement
dans la région de Huelva, et qui nous ont raconté leur quotidien .
Premiers constats:
Les ouvriéres Marocaines contactées dans la región de Huelva sont logées dans un dortoir isolé.
Elles sont environ 20 à 25 femmes par dortoir.
Les lits sont en fer, il n´y a ni matelas, ni couvertures. Elles essaient de trouver des cartons pour
pouvoir se protéger du froid.
Certaines d´entre elles s´enrhument, se coupent ou se font piqûer par des insectes au travail: il
n´y a pas même une trousse de premiers secours dans tout le domaine.
Les ouvriéres agricoles ne peuvent pas sortir en dehors de leur heures de travail. Ni même pour
aller se ravitailler au supermarché ou pour aller jusqu´à la pharmacie.
Si elles ont besoin d´aliments ou de produits d´hygiéne, elles doivent l´acheter dans le domaine
agricole lui même, à des prix exhorbitants qui leur sont retenus sur leur salaire. De même pour
les couvertures, quant un vendeur ambulant arrive avec son fourgan pour leur vendre a crédit.
Programme d´aide de l´association :
Envoyer des colis alimentaires et des produits d´hygiéne de base pour améliorer le quotidien
des ouvriéres agricoles Marocaines dans le sud de l´Espagne
Le dortoir, précédemment cité, est isolé et n´a pas vraiment d´adresse.
Le transporteur n´a donc pas trouvé l´endroit le jour de la livraison du premier colis.
Nous contactons donc plusieurs propriétaires par téléphone afin qu´íls nous aident à diriger le
transporteur. On nous répond tout simplement qu´on n´est pas au courant et qu´on n´a rien vu
ni entendu parler de ces ouvriéres Marocaines!
Même la pharmacie du village le plus proche a refusé de coopérer suite à notre demande pour
acheminer des articles en vente public ne necessitant pas d’ordonnance que nous souhaitions
se procurer et en faire don aux ouvrières!
Elles sont pourtant plus de 15.000 dans le sud de l´Espagne à travailler dans leurs proprietés,
mais aucun renseignement n´a été obtenu de la part de ces propriétaires Espagnols.
Le colis a finalement pu être livré en demandant aux ouvriéres de nous envoyer leur localisation
GPS.
ll y a quelques semaines, un colis personnalisé à été envoyé à une ouvriére qui avait besoin
d´une trousse de premiers secours et de paracétamol.
Le paquet a été livré par un coursier privé à la réception du domaine agricole où elle travaille.
Le colis n´a, à ce jour, pas encore été transmis à sa destinataire.
Pourtant l´association a reçu le bon de livraison signé avec l´adresse du domaine agricole
susmentionné.
Conclusion :
Le programme DEPOMI nous semble donc intéressant puisqu´il permet à de nombreuses
ouvriéres agricoles Marocaines de bénéficier d´un salaire et d´améliorer leur train de vie au
Maroc.
Nous déplorons cependant les conditions d´accueil de ces ouvriéres agricoles dans les grands
domaines agricoles du sud de l´Espagne.
Les grands propriétaires agricoles Espagnols se doivent de fournir un logement décent et des
conditions de vie et de travail adéquates à ces femmes.
Nous rappelons que ces ouvriéres agricoles Marocaines permettent à l´état Espagnol
d´augmenter ses exportations de fruits et légumes frais. Ces exportations ont d´ailleurs connu
un record en 2021 avec une hausse de 7,5% par rapport à l´année précédente.
Au XXIéme siécle, ces conditions de travail sont tout simplement de l´esclavagisme moderne.
Nous demandons donc à la commission du projet DEPOMI de se pencher plus particuliérement
sur les conditions de vie de ces femmes Marocaines pendant toute la durée de leur contrat en
Espagne afin de leur garantir des conditions d´accueil et de travail adéquats pendant les six mois
qui leur sont autorisé sur le sol espagnol, qui laisse a réflechir sur le mode de rémunération
“travail à la tâche” malheureusement sans être couvert par le régime de santé, de pénibilité et
de retraite digne pour récompenser leurs efforts.
La fraise qui saigne…et allergène.
Muriel R.
Assiociation les Mains de l´Espoir. ( Espagne)
7 Avril 2022

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