L
C’est un grand jour de manifestations qui s’annonce partout dans la province : près de 600 000 travailleurs du secteur public sortent dans les rues ce jeudi pour réclamer de meilleures conditions de travail.
Tuque rouge vissée sur la tête, cloches en main, des profs se sont levés de bon matin pour manifester devant chaque école de Montréal, ce jeudi. Ils sont membres de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui entame une grève générale illimitée.
Carolane Sauvé-Tétreault est du nombre. L’enseignante de 32 ans dit qu’en cinq ans dans la profession, elle a vu les conditions de travail se dégrader.
« Je ne veux pas faire partie des fameuses statistiques des nouvelles enseignantes qui quittent la profession », dit-elle. Près d’une enseignante québécoise sur cinq abandonne ce travail dans les cinq premières années.
« Ce qu’on veut, c’est que le gouvernement nous entende. On va aller jusqu’au bout. On va faire ce qu’il faut pour l’avenir de l’école publique », dit la prof de l’école primaire Saint-Anselme, dans le quartier Centre-Sud.
La présidente de l’Alliance des professeurs de Montréal dit qu’elle souhaite une entente rapide avec Québec.
« On a envie que ça se règle rapidement. On le sait, la pénurie est monstre, l’hémorragie de profs continue à se faire. Il faut freiner ça. En ce moment, on ne sent pas que le gouvernement a vraiment une volonté de s’attaquer au problème de fond », dit Catherine Beauvais-St-Pierre.
« L’école publique se meurt et ne peut pas descendre plus bas que ce qu’elle est en ce moment », estime Mme Beauvais-St-Pierre.
Prof d’anglais depuis plus de 20 ans, Eddy Peh dit que les enfants « méritent de la stabilité ».
« On manque de professeurs, on manque de personnel de soutien. On est là pour les enfants, mais c’est maintenant au tour du gouvernement de montrer qu’il nous soutient », dit M. Peh.
Jeudi midi, des membres de la FAE de partout à Québec se réuniront au parc Jarry, à Montréal, d’où s’ébranlera une grande marche. Les syndicats attendent des dizaines de milliers de personnes.
« On va regarder l’évolution de la négociation »
Pour leur part, les syndiqués du Front commun, qui regroupe 420 000 travailleurs de quatre syndicats (CSN, CSQ, FTQ et APTS), ont marché dès 10 h à partir du Collège de Maisonneuve, le « point culminant de trois jours de débrayage ».
« Les gens sont au rendez-vous et mobilisés. Ils sont encouragés parce que la population est derrière nous. C’est palpable, ils se font klaxonner », s’est réjoui Caroline Letarte-Simoneau, représentante nationale de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) pour le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. Les manifestants se sont ensuite dirigés vers le parc des Faubourgs pour leur rassemblement final.
Le Front commun n’annoncera pas jeudi si de prochaines journées de grève auront lieu prochainement. « On laisse une chance au conciliateur et on va regarder l’évolution de la négociation, puis on va prendre une décision », a déclaré le troisième vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Mario Beauchemin, en mêlée de presse jeudi matin.
En vertu de la loi, le Front commun doit envoyer son avis de grève au moins sept jours ouvrables avant le débrayage. Pour marquer un point de rupture, « il faut que ça bouge sur les salaires », a déclaré la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Caroline Senneville. « Ce qu’on offre aux travailleuses et aux travailleurs du secteur public, c’est de finir leur convention collective plus pauvres qu’ils l’ont commencée. Ça n’a pas de sens », dit-elle.