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Ballons espions chinois aux Etats-Unis : “La Chine voulait cartographier des bases de lancements de missiles intercontinentaux”

  • Trois ballons espions auraient déjà survolé les Etats-Unis lors de la présidence de Donald Trump.Trois ballons espions auraient déjà survolé les Etats-Unis lors de la présidence de Donald Trump. CHASE DOAK – CHASE DOAK

l’essentielEn envoyant des ballons au-dessus des États-Unis, la Chine teste les limites de son rival américain. Et se prépare peut-être à un conflit plus généralisé.

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À quoi joue la Chine ? Si elle a reconnu que les ballons aperçus dans l’espace aérien américain lui appartenaient, leur utilisation n’est pas claire. Pékin revendique en effet un usage à des fins météorologiques et une dérive de trajectoire ; un argument difficile à recevoir pour Emmanuel Lincot, professeur à l’Institut catholique de Paris (ICP) et sinologue.

“Un ballon de ce type qui se perd et sans contrôle est un non-sens. Il était téléguidé et sa trajectoire était programmée”, certifie-t-il. Et le but de la Chine semble, selon lui, plus que clair. “La Chine voulait cartographier des bases stratégiques américaines et de lancements de missiles intercontinentaux. C’est un moyen de tester la sanctuarisation de l’espace aérien américain”, affirme le sinologue.

La Chine n’hésite pas à modifier l’histoire

Si la Chine refuse de l’admettre, cela rentre dans la stratégie du régime depuis plusieurs années. En effet, Pékin joue sur sa “capacité à retourner à son profit n’importe quelle situation”, exprime Emmanuel Lincot. La Chine réinvente son discours et n’hésite pas à modifier l’histoire. Et les exemples sont nombreux.

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“Dans la rhétorique chinoise, ce sont les Américains qui ont déclenché la guerre en Ukraine et le Covid”, illustre-t-il. Une vision des choses encore appliquée avec l’histoire des ballons. “Dans le narratif de cette histoire, c’est comme si le méchant américain avait détruit le ballon de l’enfant chinois”, avance le professeur de l’ICP.

Des relations diplomatiques tendues

L’épisode des ballons tend un peu plus les relations diplomatiques entre les États-Unis et la Chine. Des relations qui se dégradent maintenant depuis plusieurs années. “C’est dans la continuité du passé et chacun se radicalise”, déplore Emmanuel Lincot.

Et la tension des relations sino-américaines se cristallisent autour de Taïwan. “Quand on parle de la relation bilatérale entre la Chine et les États-Unis, on parle de Taïwan. C’est une relation à 3”, explique-t-il. Taïwan pourrait d’ailleurs être le théâtre d’un conflit armée si les choses ne s’améliorent pas et si la Chine se risque à envahir le pays, qu’elle ne reconnaît que comme “une région rebelle”.

“La situation est dangereuse”

“Joe Biden a levé toute ambiguïté en disant qu’il viendrait aider Taïwan. Il en va de même pour le Japon. La situation est très claire et dangereuse”, affirme Emmanuel Lincot.

“Dans l’Histoire, les États-Unis ont toujours eu besoin d’un ennemi”, rappelle-t-il. Et la Chine occupe désormais ce rôle. “Sur ce dossier, l’arrivée à la présidence de Joe Biden n’a pas amélioré les relations entre les deux pays”. Il est dans la “continuité de Donald Trump et de sa stratégie avec ce pays”, selon le professeur de l’ICP.

“On est peut-être sur les sentiers de la guerre”

“On est dans une spirale qui va vers la confrontation”, confie Emmanuel Lincot. En plus de Taïwan, la Chine se place également à l’opposé des États-Unis sur la question ukrainienne, notamment à cause de ses liens avec la Russie.

“Xi Jinping devrait aller à Moscou en février 2023, peut-être pour montrer le soutien de la Chine à la Russie en Ukraine”, soutient-il. Et ce conflit ne pourrait être qu’une étape. “La guerre en Ukraine est le prélude d’un conflit plus global. On est peut-être sur les sentiers de la guerre”, prévient le sinologue.

Une hypothèse loin d’être rassurante, d’autant plus qu’Emmanuel Lincot affirme “qu’aucun pays tiers n’est en capacité de trouver une situation d’apaisement”. Même constat pour certaines institutions comme l’ONU, ” dramatiquement absent” selon lui.

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