Rédigé par Yassine Elalami
A la faveur de l’exploit historique de la sélection nationale en Coupe du Monde, le Royaume en sort l’image grandie, propre à rejaillir sur son rayonnement international surtout au plan politique et diplomatique.
Après le coup de sifflet final de la rencontre ayant mis aux prises la Sélection Nationale aux Bleus, il était difficile de savoir si c’était la fin d’une aventure ou plutôt le début d’une nouvelle ère pour le football marocain, vu les formidables exploits réalisés en cette Coupe du monde qui en disent long sur les arguments convaincants et, bien plus, le potentiel insoupçonné des Lions de l’Atlas.
WhatsNext ?
Le Maroc a tout à gagner en exploitant l’admiration pour le parcours de l’équipe nationale de sorte à se garantir un rôle plus important dans le football africain à même d’augmenter ses chances pour l’organisation du tournoi mondial.
Ces formidables réalisations lui permettraient également d’en faire un instrument supplémentaire dans l’arsenal diplomatique mis en œuvre pour son positionnement à l’international sur plusieurs questions stratégiques pour le Royaume..
L’exploit historique des Lions de l’Atlas leur a valu un soutien passionné de nombre de nations, notamment les pays africains et arabes, au point qu’ils en ont fait leur propre exploit en brandissant le drapeau marocain à travers le continent et le Moyen-Orient. L’extraordinaire prestation de la sélection marocaine a été saluée par plusieurs pays, a cartonné sur les moteurs de recherche et sur les principales plateformes de réseaux sociaux. Un peu plus de 2,2 millions de messages ont été publiés sur Twitter, en 24h, et environ 1107 tweets par seconde.
Le Royaume a gagné une notoriété à laquelle nous avons aspiré durant une longue période, actuellement nous sommes en meilleures dispositions pour faire valoir nos causes sur plusieurs questions diplomatiques et géopolitiques.
Prochain pays hôte de la Coupe du Monde ?
Des sources haut placées au sein de la Fédération marocaine de football ont déclaré que cela devrait contribuer à renforcer les chances du Maroc dans le cadre de sa candidature à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et de la Coupe du monde 2030.
« Nous avons des stades fin prêts ainsi que les infrastructures nécessaires et une équipe nationale qui a gagné en popularité sur le continent après s’être illustrée comme première équipe africaine à atteindre les demi-finales », a déclaré une source de la fédération à Reuters.
Ces dernières années, le Maroc a renforcé ses liens avec d’autres fédérations de football africaines, en les aidant à organiser leurs stages d’entraînement ou en offrant des stades pour les matchs de qualification pour la Coupe du monde aux pays en conflit, dans le but d’élargir son audience en Afrique et au-delà.
L’objectif immédiat est d’obtenir un soutien pour l’organisation de tournois de football, mais le professeur de politique étrangère Atik Essaid a déclaré que « les tactiques de pouvoir doux faisaient également partie de la tentative de Rabat pour gagner des soutiens » au sujet de la question du Sahara, « qui sous-tend une grande partie de sa diplomatie ».
Des liens historiques
Au-delà du foot, la confrontation Maroc-France était particulièrement symbolique. Et bien plus que pour des raisons purement sportives, évidemment. Entre autres, parce que le Maroc cherche à s’affranchir de sa relation trop étroite avec la France.
En effet, le Royaume ne veut plus de liens exclusifs. Il se considère de plus en plus comme une puissance régionale, qui engage des coopérations multiformes, à l’image de la coproduction des vaccins avec la Chine, la collaboration avec la Russie sur le nucléaire civil, ou encore la normalisation des relations avec l’Etat Hébreu.
Depuis un moment, Rabat s’affirme de plus en plus et exige de ses partenaires qu’ils se positionnent clairement sur le point « pivot » de sa politique : le « Sahara Marocain ». Et de fait, Les Etats-Unis, l’Espagne, l’Allemagne ont reconnu la « marocanité » des provinces du Sud.
Cependant, on ne saurait minimiser la profondeur des relations entre le Royaume et la France. Il y a plus de 100.000 Français et binationaux au Maroc, et plus d’un million de Marocains résident dans l’hexagone, de même les échanges sont très riches dans les domaines culturel et éducatif. Sur le plan économique, la France est un investisseur majeur au Maroc, qui est lui-même son principal partenaire commercial africain.
3 QUESTIONS À JAWAD KERDOUDI
« L’exploit marocain source d’intérêt et de sympathie dans tous les pays du monde »
Jawad Kerdoudi, Président de l’IMRI (Institut marocain des relations internationales), a répondu à nos questions sur les retombées diplomatiques de l’exploit marocain.
La prestation historique de la sélection marocaine a été saluée par plusieurs pays, a cartonné sur les moteurs de recherche et sur les principales plateformes de réseaux sociaux. A peu près 2,2 millions de messages ont été publiés sur Twitter, en 24h, et environ 1107 tweets par seconde. Quel est l’impact de cela sur le rayonnement du Royaume ?
Certainement, l’exploit historique de la sélection marocaine qui s’est illustrée avec panache au Mondial 2022 à Qatar, a joué un rôle indiscutable dans le rayonnement du Maroc et la promotion de son image. Le monde actuel est médiatisé autant que jamais, à travers les différents moyens de communication, le fait qu’on parle du Maroc après chaque victoire augmente, clairement, sa notoriété et surtout chez ceux qui ne connaissent pas parfaitement notre pays.
Actuellement, les gens des quatre coins du monde peuvent te donner une réponse bien détaillée si tu leur demande leur avis sur le Maroc.
Par ailleurs, c’est évident que le Royaume a bien profité de la prestation extraordinaire des Lions de l’Atlas en matière de médiatisation et de notoriété.
Beaucoup de médias internationaux ont estimé que le Maroc veut transformer l’admiration pour la course à la Coupe du monde de notre équipe en capital diplomatique, selon vous, quelles sont les retombées diplomatiques de cet exploit ?
Absolument, cela aura des retombées diplomatiques très fortes, notamment, en la France avec qui on a, depuis un an, une relation submergée dans l’ambiguïté. Le parcours exceptionnel en Coupe du monde Qatar-2022 et le fair-play illustré lors de la rencontre ayant opposé les Lions de l’Atlas aux tricolores va contribuer à une réconciliation entre Rabat et Paris.
D’ailleurs, à l’issue du match de la demi-finale de la Coupe du monde, SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a eu un entretien téléphonique avec le président français, Emmanuel Macron.
La ministre française des affaires étrangères devait rendre visite au Royaume ce jeudi pour préparer une visite du président de la République française en janvier 2023, qui permettra, certainement, de résoudre quelques problèmes entre les deux pays, notamment celui de l’octroi des visas.
Dans le même sillage, Joe Biden a regardé, mercredi, le match de la demi-finale, en compagnie du chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch. Renforcer notre relation avec Washington rendra notre positionnement vis-à-vis de la question du Sahara Marocain encore plus fort.
Comment le Maroc doit étendre cet exploit sportif sur tous les plans, notamment en matière d’économie, de commerce et de tourisme ?
Comme je viens de vous expliquer, l’exploit marocain créera un sentiment d’intérêt et de sympathie chez tous les pays du monde.
Le tourisme bénéficiera, certainement, de la médiation du Royaume grâce à cette manifestation internationale. Les touristes des quatre coins du globe auront hâte de visiter le Maroc grâce au rayonnement gagné, à travers, cette compétition.
Les investisseurs étrangers, pour leur part, seront encore plus encouragés à ramener leurs projets au Maroc et les échanges commerciaux seront renforcés, mais cela nécessite une vision à long terme et la mise en place d’une atmosphère adéquate.
Recueillis par Yassine ELALAMI