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Gaza : l’heure la plus sombre de l’humanité Véto américain au cessez-le-feu 

Par Jawad KERDOUDI  Président de l’IMRI  (Institut Marocain des Relations Internationales) 

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J’ai emprunté le titre de ma chronique à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a ainsi qualifié la situation actuelle à Gaza. En effet, suite à l’offensive du Hamas du 7 Octobre 2023, l’armée israélienne a immédiatement répliqué par des frappes aériennes intenses causant des milliers de morts et de blessés civils. Le 27 Octobre, elle a procédé à une opération terrestre dans le nord de la bande de Gaza. Après deux mois de guerre, Israël a étendu ses opérations au sud couvrant toute la bande de Gaza. Le port-parole de l’UNICEF a déclaré « Cette guerre contre les enfants a repris avec une férocité à une échelle dépassant tout ce que nous avions vu dans le sud, et qui est certainement à la hauteur de tout ce que nous avons vu dans le nord ». 

Le Hamas dans son attaque du 7 Octobre 2023 sur le sol israélien avait causé la mort de 1200 Israéliens, ainsi que la prise de 240 otages. Grâce à la médiation principalement du Qatar et de l’Egypte, une trêve de six jours a été décrétée le 24 Novembre 2023. Elle a permis de libérer 110 otages israéliens et étrangers en échange de 240 prisonniers palestiniens. Elle a été accompagnée par l’entrée d’une centaine de camions dans la bande de Gaza transportant de la nourriture, de l’eau, du carburant des médicaments. Israël a repris la guerre le 1er Décembre 2023 malgré l’appel de plusieurs pays pour le prolongement de la trêve. A ce jour le bilan de la guerre côté palestinien est terrifiant : 17000 morts dont 6100 enfants, destruction de 300.000 logements, déplacement forcé de 1,9 million de personnes représentant 85% de la population totale.  

Le Secrétaire général de l’ONU António Guterres a plaidé courageusement pour l’arrêt des combats pendant toute cette guerre de Gaza. Il a finalement invoqué l’Article 99 de la Charte des Nations Unies qui stipule que « Le Secrétaire général est habilité à attirer l’attention du Conseil de sécurité sur un dossier qui pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationale ». Les Emirats Arabes Unis ont porté une résolution prônant un cessez-le-feu immédiat à but humanitaire à Gaza. Lors de la réunion du Conseil de sécurité le 8 Décembre 2023, treize pays sur quinze ont approuvé la résolution : les 3 membres permanents : Chine, Russie, France, et les 10 membres non permanents : Albanie, Brésil, Emirats Arabes Unis, Equateur, Gabon, Ghana, Japon, Malte, Mozambique, Suisse. Le Royaume-Uni s’est abstenu, et les Etats-Unis ont voté contre et ont utilisé leur droit de véto, empêchant la résolution d’être adoptée. 

En effet, l’Organisation des Nations Unies qui a été instituée le 24 Octobre 1945 après la seconde guerre mondiale, a donné un pouvoir exorbitant aux vainqueurs de cette guerre. Le Conseil de sécurité dont les résolutions sont contraignantes est composé de cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni) qui ont le droit de véto, et 10 membres non permanents élus par l’Assemblée générale pour une période de deux ans. Malgré plusieurs appels à la réforme du Conseil de sécurité, celui-ci est resté inchangé depuis sa création il y a 78 ans. 

En conclusion, le véto des Etats-Unis va permettre à Israël de continuer le massacre des Gazaouis en toute impunité. Israël a annoncé à plusieurs reprises la destruction du Hamas. Le président français Emmanuel Macron a prévenu Israël que la destruction totale du Hamas entrainerait dix ans de guerre. Nul ne peut aujourd’hui prévoir la fin de la guerre de Gaza, et une résolution juste du problème palestinien. Une chose est cependant évidente : la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU. 

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