Historique :
Créatures surnaturelles de l’ombre, transes et sacrifices, potions magiques, le Maroc est un patchwork de croyances occultes et ésotériques qui traverse toutes les classes sociales . Exploration d’un univers aussi sombre que fascinant.
Dans la tradition islamique, les hommes partagent la Terre avec les djinns, des créatures surnaturelles vivant dans une autre dimension, capables de transcender l’espace et le temps. Parfois invisibles, parfois prenant la forme humaine ou animale, certains sont profondément bons, d’autres diaboliques.
Il existe certaines règles pour cohabiter en bonne intelligence avec eux : il faut invoquer Dieu et son prophète avant d’entrer dans les toilettes, les hammams et les abattoirs, qui sont constamment hantés, s’abstenir de jeter de l’eau bouillante par terre ou dans les égouts à la nuit tombée, éviter de s’asseoir ou de dormir sur le seuil d’une maison, ne pas laisser son bébé seul, ou encore ne pas trop traîner près des points d’eau et des forêts lorsque le soleil s’est couché. Au risque d’être possédé, de sombrer dans la folie, d’être frappé d’un handicap ou de tomber gravement malade.
Shams al-Ma’arif : pourquoi ce livre mystique est-il craint dans le monde musulman ?
Cette œuvre du XIIIe siècle rédigée à l’origine par un intellectuel soufi ottoman est un livre de sortilèges maudit pour certains, un guide utile en matière de sciences islamiques oubliées pour d’autres.
Pour ses défenseurs, il s’agit d’un manuel ésotérique qui aide ceux qui le lisent à se rapprocher de Dieu grâce à la révélation de secrets divins. Pour ses détracteurs, il s’agit d’un recueil de magie noire qui attire ses lecteurs dans la sorcellerie.
Shams al-Ma’arif (Talismans, le soleil des connaissances) a été rédigé à l’origine par un intellectuel soufi algérien du XIIIe siècle, Ahmad al-Buni, et suscite la controverse au Moyen-Orient et au Maghreb depuis des siècles.
Si tous les soufis n’admirent pas cet ouvrage, le texte symbolise le fossé existant entre, d’un côté, les approches mystiques de l’islam et, de l’autre, les sources religieuses orthodoxes.
Al-Buni suggère également des moyens d’entrer en contact avec les djinns et d’autres créatures surnaturelles – une décision qui lui a valu des accusations de sorcellerie de la part d’autres musulmans.
Condamnation
Au XIVe siècle, des intellectuels comme le sociologue Ibn Khaldoun et le théologien Ibn Taymiyya ont décrété hérétiques al-Buni et son contemporain, Ibn Arabi, et qualifié leurs travaux de « sihr » (magie), ce qui est strictement interdit dans l’islam.
Ils citaient un hadith (traditions relatives aux actes et paroles) du prophète Mohammed, qui aurait déclaré : « Il y a trois types de personnes qui n’entreront pas au paradis : ceux qui sont alcooliques, ceux qui rompent les liens de parenté et ceux qui croient en la magie. »
Mais cette condamnation n’a pas suffi à décourager l’intérêt pour ce texte, même parmi les musulmans traditionnels.
« Ses écrits attirent encore aujourd’hui un large public », ajoute Noah Gardiner, qui rédige un ouvrage sur al-Buni et les pratiques occultes.
À son époque, ce dernier était connu comme théologien, mystique, mathématicien et philosophe.
Il était considéré comme un maître soufi et a étudié avec le réputé Ibn Arabi. Ils vivaient à une période où le mysticisme était populaire chez les musulmans et où de nombreux autres mystiques partageaient des idées similaires, dont l’objectif principal était de connaître Dieu et de revenir à un état primaire d’unité avec le divin.
Al-Buni et ceux qui étudiaient la cosmologie et l’alchimie à l’époque ne se considéraient probablement pas comme des magiciens mais comme des étudiants des connaissances secrètes.
Étant donné la nature secrète des connaissances auxquelles ils pensaient avoir accès, il est possible que le Shams al-Ma’arif n’ait jamais été destiné aux profanes mais seulement aux initiés des ordres soufis.
Noah Gardiner écrit que l’œuvre d’al-Buni était « censée circuler [uniquement] dans une communauté fermée de soufis instruits ».
Témoignage choc :
L’ouvrage lui-même stipule : « Il est interdit à quiconque ayant mon livre en main de le montrer à quelqu’un qui ne fait pas partie de ses pairs et de le divulguer à quiconque n’en est pas digne. »
Carrés magiques et invocation des djinns
Ne comportant que deux chapitres dans son édition originale, l’ouvrage est rempli de schémas colorés, de tableaux de prières et de codes numérologiques pour aider à la découverte des significations cachées, une étude qui a pris le nom d’Ilm al-Huruf (« science des lettres »).
Le mathématicien a théorisé que les 28 lettres arabes du Coran avaient toutes des valeurs numériques, une assertion faite en référence aux mystérieuses combinaisons de lettres, connues sous le nom de muqatta’at, qui ouvrent 29 des 114 sourates (chapitres) du Coran.
Par exemple, la plus longue sourate du Coran, Al-Baqarah (La vache), débute par les lettres « Alif, lam, meem » et la sourate Maryam (Marie) commence par « Kaf, ha, ya, ain, sad ».
Les mystérieuses significations de ces lettres isolées étaient considérées comme ayant des propriétés capables de satisfaire les souhaits du croyant.
À l’aide de lettres et de nombres, al-Buni a créé des tableaux élaborés, plus tard qualifiés de carrés magiques, qui ont été écrits selon les alignements planétaires.
Les maîtres soufis auraient pratiqué l’invocation des djinns, car leur spiritualité accrue leur permettait de servir d’intermédiaires entre le monde terrestre et le monde spirituel.
Sur Amazon, on peut lire par exemple : « Livre répugnant qui explique comment se livrer à la magie noire – livre très malfaisant – sa lecture peut détruire votre vie. »
Pour un autre commentateur : « Ce livre inspire la magie noire, pour réduire des djinns en esclavage et tout cela relève du blasphème. Veuillez le retirer du catalogue. »
À l’inverse, dans la section commentaire d’une vidéo à propos du livre, un fan d’al-Buni qui se présente comme un « guérisseur spirituel certifié » écrit : « Shamsul Maarif n’est pas un ouvrage de magie noire. C’est un livre de sagesse et il explique les lois du monde invisible. Les connaissances qu’il contient vont bien au-delà. »
Qu’est-ce que les enfants zouhris ? https://maghreb-observateur.com/?p=9511
On appelle enfants zouhris, au Maroc et en Algérie, des enfants présentant un morphotype et des caractéristiques bien particuliers. En effet, ce sont souvent des enfants roux aux yeux bleus ou blonds aux yeux clairs et ils doivent présenter une ligne continue qui traverse la paume de la main. Ces enfants zouhris sont dits « Chanceux » car ils permettraient d’accomplir des miracles et en particulier de découvrir des trésors enfouis.
Au Maroc, la sorcellerie est un sujet sérieux, mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas en rire ! Imaginez un sorcier marocain qui se trompe de formule magique et se retrouve avec un balai volant qui refuse de lui obéir. Il essaie de le faire atterrir, mais le balai continue de le tourner en rond dans les airs, comme s’il était en plein carnaval aérien ! Les passants le regardent avec étonnement, se demandant s’il s’agit d’un nouveau numéro de cirque. Finalement, le sorcier finit par abandonner et se résout à prendre le bus pour rentrer chez lui, en espérant que le balai finira par se calmer. Ah, la sorcellerie au Maroc, toujours pleine de surprises et de situations hilarantes !