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Pas de solution pour le conflit israélo-palestinien : le problème a toujours été mal posé

Par : Abdelwahab Benzakour

Vues d'Afrique

Quelle que soit l’issue de cette guerre, les dirigeants actuels du Hamas et d’Israël sont finis.

Une chose est sûre: comme l’a déclaré Benjamin Netanyahou après les attaques du Hamas le 7 octobre, la riposte d’Israël «transformera le Moyen-Orient». Ce sont peut-être les seules paroles de sagesse que le Premier ministre israélien ait prononcées depuis le début de cette crise.

Les dirigeants du Hamas qui ont déclaré leur victoire le 7 octobre, pensaient pouvoir négocier de meilleures conditions en commetant un massacre et en prenant des otages. Au lieu de cela, ils ont placé le monde dans une situation où il doit uniquement négocier les limites de la réaction israélienne – une situation que le Hamas aurait dû prévoir, après de longues années d’expérience et cinq guerres depuis 2006.

En fait, Netanyahou a non seulement survécu jusqu’ici, mais est devenu le Premier ministre de son pays qui est resté le plus longtemps en fonction en déployant une tactique simple: éviter tout engagement sérieux dans la résolution de la question palestinienne et faire tout ce qui est en son pouvoir pour saper une solution à ce problème.

Il est allé jusqu’à donner du pouvoir à son ennemi juré, le Hamas, à Gaza, et à discréditer l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, où le Hamas n’existait pas.

«Pendant des années, Netanyahou a soutenu le Hamas. Maintenant, cela nous explose à la figure», titrait le Times of Israel. Pire encore, en 2019, Netanyahou aurait déclaré: «Ceux qui veulent contrecarrer la création d’un État palestinien devraient soutenir le pouvoir du Hamas.»

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Même si Israël réussit sa mission impossible de tuer tous les combattants du groupe, dont le nombre est estimé à 40 000, ou de les expulser de Gaza avec leurs chefs , il n’aura «tué que les combattants, mais pas la cause», comme l’a déclaré la reine Rania de Jordanie à Becky Anderson lors de son interview sur CNN.

Quelle est l’histoire entre l’Iran et Israël ?

Israël et l’Iran n’ont cependant pas toujours été des ennemis jurés. Avant la révolution islamique de 1979 et la création de la République islamique, l’Iran – en tant que pays non arabe – était un allié stratégique d’Israël.

Mais la situation a changé lorsque la révolution a porté l’ayatollah Rouhollah Khomeini au pouvoir, transformant l’Iran en un État théocratique à la rhétorique anti-israélienne.

La cause palestinienne est rapidement devenue partie intégrante de son discours, gagnant une immense popularité, non seulement dans les cercles islamistes, mais aussi dans les communautés intellectuelles et de gauche.

Six jours seulement après le début de la révolution, Yasser Arafat, alors dirigeant de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), est devenu le premier dignitaire étranger à rencontrer l’ayatollah Khomeini et le gouvernement intérimaire à Téhéran.

Quelques heures seulement après l’audience d’Arafat avec le nouveau cabinet, l’Iran a rompu ses relations diplomatiques avec Israël.

Le groupe militant et parti politique palestinien Hamas a été créé en 1987 et contrôle la bande de Gaza depuis 2007, d’où il lance fréquemment des roquettes sur les villes israéliennes. Les États-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays ont maintenu une politique d’isolement à son égard, le considérant comme une organisation terroriste.

Tout au long des années 1990 et 2000, l’Iran a joué un rôle important dans le soutien au Hamas, principalement en raison de leur antipathie commune pour le même ennemi plutôt qu’en raison d’une idéologie religieuse ou d’opinions politiques communes. Le Hamas et le régime iranien suivent des branches différentes de l’islam – le Hamas est sunnite tandis que le régime iranien est basé sur l’islam chiite.

Mais les relations se sont tendues en 2012 lorsque le Hamas a refusé de soutenir l’allié de l’Iran, le président syrien Bachar el-Assad, dans le contexte de la guerre civile qui sévit dans son pays. En réponse, l’Iran a cessé d’apporter une aide financière au Hamas et a réduit son soutien aux activités militantes du groupe.

En 2015, le fossé s’est creusé en raison du rapprochement apparent du Hamas avec l’Arabie saoudite, adversaire de longue date de l’Iran. L’Iran a soutenu les rebelles chiites Houthis dans la guerre civile au Yémen, l’opposant à l’Arabie saoudite qui a soutenu les forces gouvernementales dans ce pays.

La rupture entre l’Iran et le Hamas et le retrait des financements ont entraîné la perte par le groupe palestinien d’une source d’argent essentielle, sur laquelle les habitants de Gaza comptaient. Sans cet argent, les civils étaient confrontés à des difficultés considérables.

Cependant, depuis 2017, et notamment lorsque certains pays arabes ont resserré leurs liens avec Israël, les relations entre l’Iran et le Hamas se sont dégelées et des efforts concertés ont été déployés pour construire à nouveau une alliance.

Les États-Unis, qui soutiennent Israël, ont déclaré que, bien qu’ils n’aient aucune preuve d’un lien direct, ils pensaient que l’Iran avait joué un rôle dans l’attentat du 7 octobre en finançant l’aile militaire du Hamas au fil des ans.

L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue de Maghreb Observateur

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2 thoughts on “Pas de solution pour le conflit israélo-palestinien : le problème a toujours été mal posé

  1. Vues d'Afrique
  2. C’est abominable de parler ainsi du Hamas, ils se battent avec brio pour libérer leur peuple.

  3. Merci Abdelwahab pour cet article d’une clarté et d’une objectivité implacables! Respectueuse du vote démocratique et refusant toute ingérence politique, j’ai tourné le dos à la cause palestinienne en 2007. Depuis le jour où, malgré les mises en garde des mouvements pacifistes israéliens, palestiniens et autres, la population palestinienne a choisi de remettre son sort, son avenir entre les mains du Hamas. Ma lecture des événements du 7 octobre 2023 se résume à “Carton d’invitation officiel”. Une invitation lancée par le Hamas à Israël dont le libellé secret serait: ” Entrez et n’oubliez pas de frapper fort… beaucoup plus fort que d’habitude!”. Aujourd’hui, il m’est donc impossible de condamner fermement la riposte aveugle et atroce d’Israël sans condamner également les atrocités du Hamas. Bref, tant que la population palestinienne le soutiendra et tant que la population israélienne soutiendra ses colons, ses ultras et autres faucons, je ne reconnaitrais comme vraies Victimes que les enfants de cette partie du monde. Que les adultes assument les conséquences de leurs choix politiques…surtout s’ils ont élus démocratiquement des monstres des deux côtés…

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