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Le monde fou furieux

Par :  Houriya Zaari

Vues d'Afrique

Comme une ruche enfumée, déversant inlassablement son flux d’ouvriers humains empressés; pressés comme des citrons pour engraisser des patrons bedonnants. La fourmilière de piétons grouille, les va et vient incessants donnent le tournis. On se croirait dans une foire colossale. Les véhicules en tout genres et en tout sens simulent les autos-tamponneuses pare-choc contre pare-choc vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le mouvement roule, glisse (à une vitesse ahurissante), s’écoule, intarissable, vertigineux. Les yeux brûlent, la tête bourdonne. Et le même ballet ininterrompu au ciel comme sur mer se décline à l’infini. Rien ne freine ni ne gêne ce marché lucratif et juteux. La société passive, consentante, indolente, et fataliste se contente de cette rengaine: ( métro, boulot, dodo ! )


À proximité dans un immense terrain vague, une marée humaine affublée de tous les accoutrements et accessoires de circonstance: cuir noir, paillettes, bijoux, tatouages, hurle, la foule en délire, survoltée, déchaînée, crie, siffle, s’égosille. Sur scène, une marionnette, entourée d’autres pantins, gesticule se déhanche, et aboie n’importe quoi! pour n’importe qui! Les lasers diffusent faisceaux sur faisceaux qui s’entrecroisent, dansent, zigzaguent, balaient l’obscurité, illuminant par intermittence des visages d’hallucinés, extasiés, à la limite de la transe pour chercher l’oubli.

Au dehors les tours monumentales ont jailli de terre comme des champignons, les constructions s’épanouissent avec l’aisance de la légitimité, bientôt il manquera d’espace pour les contenir. Et rien ni personne pour réagir et endiguer ce phénomène ravageur envahissant, et colonisateur.
Puis est apparu le nucléaire avec son lot de bombes qui s’est imposé. Sa puissance dominatrice persuasive et convaincante inspira une terreur tacite et lalente.
Puis la tragique imbecillité humaine et ses guerres qui sévissent de plus belle, comptant à elles seules des millions de victimes et de morts. Et ce fut le tour des catastrophes naturelles et des dégâts dévastateurs et irrémédiables qu’elles engendrent.

Les épidémies, les pandémies de plus en plus féroces de plus en plus meurtrières, fauchant, terrassant des millions de vies à travers la planète.

La pollution galopante, cette autre gangrène inéluctable, incurable qui progresse à la vitesse grand V.
Et surtout, surtout, cerise sur le gâteau la course effrénée à l’argent, ce mercantilisme coriace, toxique, indomptable, cette pieuvre aux tentacules empoisonnées qui aspirent, engloutissent, et anéantissent tout sur leur passage.
Quand prendra-t-on conscience que nous sommes en péril,menacés d’auto-destruction, voués même à disparition.
Sommes-nous en train d’y concourir? Notre cerveau ramolli par une alimentation de fast food et par un environnement devenu inhospitalier serait-il en train de nous envoyer des signaux d’alarme, de détresse, et des S.O.S.? Serait-il en train de s’atrophier au point d’effacer de notre cœur toute émotion, toute sensibilité tout sentiment. Et enfin ne serions nous pas en passe de muter pour nous dés_incarner en robot.
 

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