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Le mariage marocain Fassi en 17 particularités

Par Laurie

Vues d'Afrique

Au Maroc, le mariage n’échappe pas à la tradition. Célébré à grands coups de de tenues traditionnelles, de couleurs, de musique, de mets et de rythmes musicaux, il scelle l’union des jeunes mariés tout en féerie. Pour les convives venues d’ailleurs, le cérémoniel semble comme échappé des 1001 nuits… La preuve en 17 particularités de mariage qui illustrent ce grand moment de la vie des marocains… Musique !

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La rencontre des familles

L’histoire d’un mariage marocain commence, le plus souvent, par une rencontre entre deux amoureux (ou pas, mais c’est de plus en plus rare…) et leurs familles respectives. Selon la tradition, les parents du marié se rendent chez la famille de la future épouse afin de « demander sa main ». Le plus souvent, la rencontre entre les familles est l’occasion de sceller l’engagement des époux et l’accord des familles mais aussi et plus simplement de faire connaissance. À la question : « Acceptez-vous de prendre une telle pour belle-mère épouse ? », la réponse est (bien souvent) : « Yallah, fixons la date des fiançailles ! ».

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Les fiançailles

Les fiançailles, appelées khotba, confirment l’engagement des futurs mariés… À l’instar du mariage, elles peuvent faire l’objet d’une fête à part entière avec traiteur, orchestre musical et défilés de caftans. Elles peuvent aussi se limiter à une simple rencontre des familles (au sens élargies) et des amis autour d’un thé ou d’un repas. Traditionnellement, elles ont lieu chez la famille de la mariée à qui incombe la préparation de l’événement. Passé la cérémonie des fiançailles, la préparation du mariage à proprement parler peut commencer.

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Les préparatifs

Au Maroc, les préparatifs du mariage prennent souvent une dimension familiale à laquelle s’associent volontiers les parents des mariés mais aussi les cousins, les voisins et parfois même, lorsque l’événement a lieu à la campagne : le village entier… Dans la to-do-list des organisateurs, il est souvent question de traiteur, de salle, de neggafa (habilleuse professionnelle), de photographe, de cameraman, de décorateur, de musiciens et autres orchestres traditionnels qui vont accompagner le cortège des mariés et animer la soirée en live.

Rien n’est trop beau, trop faste, trop grandiose pour célébrer la nouvelle union sacrée.

La fête peut avoir lieu dans une salle des fêtes, sous une tente dressée dans le jardin ou dans la rue à proximité du domicile des parents des mariés, voir dans le patio d’un riad ou sur le toit-terrasse d’un immeuble, c’est selon. Si la tendance est au raccourcissement de la durée du mariage (jadis le cérémoniel s’étendait sur 3 et 7 jours), rien n’est trop beau, trop faste, trop grandiose pour célébrer la nouvelle union sacrée. Il n’est d’ailleurs pas rare que les familles s’endettent pour financer un événement digne de Bollywood.

Car au Maroc, le mariage est un événement familial, festif, social et religieux d’envergure qui rythme, mieux que tout autre les saisons et les années. Si la tendance à la personnalisation gagne timidement du terrain dans les villes, c’est toujours le respect fidèle de la tradition qui l’emporte. Le faire-part de mariage, quand à lui, existe bien mais il est souvent remplacé par l’appel téléphonique, lui-même relayé par le téléphone… arabe ! Résultat : il n’est pas rare que le nombre de convives atteigne 200, 300 ou 500 personnes.

Incontournable de tout mariage marocain : la neggafa orchestre l’événement et une partie des préparatifs. Ici elle veille à la tenue traditionnelle fassiya (de Fès) de la mariée.
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Le rituel d’échange

Il est courant que, à l’occasion des fiançailles (ou de la cérémonie de l’acte), les mariés s’échangent les anneaux en se donnant mutuellement du lait à boire et des dattes à manger (symbole de vie douce et sucrée). Oui, les mariages marocains ont un côté Romantic kitsch parfaitement assumé !

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L’acte adoulaire

Au Maroc, le passage devant le maire est remplacé par la signature de l’acte adoulaire et pour cause : la notion de mariage civil n’existe pas ici. La cérémonie, appelée el kaghet (littéralement : les papiers) est prétexte à de nouvelles réjouissances familiales qui se déroulent, le plus souvent, en comité restreint (famille proche et amis intimes). L’acte de mariage est établi par l’adoul (sorte de notaire religieux) et signé par les deux époux en présence de témoins. Après la signature, il est d’usage de réciter la fatiha (le premier verset du Coran)… Le coup d’envoi de la fête est lancé !

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Le rituel d’offrande

Entre les fiançailles et le mariage, il est courant que le futur époux couvre l’heureuse élue de présents et d’offrandes appelés Hdiyya. Ceux-ci peuvent être symboliques : lait, sucre, dattes, coran, henné, fleurs… ou matériels : tissus soyeux, caftans, sacs à main, bijoux, parfums, chaussures. Le contenu de la Hdiyya varie bien-sûr selon les moyens financiers de la famille du marié. Soigneusement disposés dans de grands plateaux recouverts de couvercles coniques appelés taifors, les cadeaux sont remis à la mariée à l’occasion d’une cérémonie dite cérémonie de la Hdiyya qui est précédée d’un cortège musical. Il est à noter que ces cadeaux sont souvent assimilés à la dot de la mariée.

Détail de caftan
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La dot

Condition indispensable à la validité du mariage, la dot (sadaq) est une somme d’argent ou de biens constituée par le prétendant au profit de son épouse. Contractualisée par les adouls lors de la cérémonie de l’acte, la dot est régie par le code de la famille du Maroc qui puise son inspiration dans le saint Coran et la Sunna. Ainsi, pour consolider « le désir de créer un foyer et de vivre dans les liens d’une affection mutuelle », le futur marié va offrir à sa belle une coquette somme d’argent, du bétail, un meuble ou encore un appartement (c’est plus rare)… Si le fondement légal de la dot consiste en sa valeur morale et symbolique (Article 26 du Code de la famille), il est à noter que c’est plus souvent la valeur matérielle qui l’emporte. Au point d’être perçu comme un fardeau économique par certaines familles qui n’hésitent pas à mettre la dot sur la table des négociations du mariage. De nombreux couples, jugeant la dot humiliante optent d’ailleurs pour l’apport… d’un dirham symbolique !

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Le rituel du Hammam – EVJF Acte I

Au Maroc, l’EVJF (Enterrement de vie de jeune fille) tel que nous le connaissons sous nos contrées est bien souvent remplacé par un certain nombre de cérémonies « before ». 100 % girly, le passage au hammam est un rituel ancien de purification et de détente qui précède bien souvent le jour J.

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Le rituel du henné – EVJF Acte II

Après la cérémonie du hammam, place à celle du henné qui prend place la veille du jour J, voire durant l’après-midi précédant la grande fête. Une hennaya (tatoueuse au henné) tatoue les mains et/ou les pieds de la mariée, pulsée par les youyous et les parties de danses et de chants traditionnels des femmes (copines, cousines, tantes, mères etc.) qui se succèdent. Le tout se déroule dans une ambiance bon-enfant (pas de gages, de défis ni de chippendales dans les EVJF marocains…). Les invitées qui souhaitent se faire tatouer ne coupent pas aux belles arabesques stylisées et géométriques, symboles de bonheur et de prospérité pour la vie future.

Les variantes autour du mariage marocainBien-sûr, le mariage Made In Morocco varie en fonction des régions, des familles mais aussi de l’origine sociale des familles. À la campagne, il n’est pas rare que la préparation du mariage mobilise le douar (village) tout entier et s’éternise sur plusieurs jours. Dans certaines régions du Rif, la mixité n’est pas de rigueur : les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. L’ambiance est tantôt festive (les invités et les mariés dansent), tantôt sage (les invités discutent et s’observent).Dans les quartiers huppés des grandes villes, le mariage peut parfois prendre des airs d’Open Bar avec DJ et champagne à gogo… voire même virer à « l’éclatade » avec 3200 tables rondes au bord de la piscine de plaisance ou flotte un Welcome  en « niniphars » (les fleurs qui flottent de Mme Tazi – Poke Gad ElMaleh)… Vous l’avez compris, au Maroc (comme ailleurs), il y a 1000 façons – ou plus exactement 1001 façons – de célébrer le mariage !
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Le salon de beauté

La mariée doit être la plus belle pour aller danser (et ce même si elle ne dansera pas… ou peu !). Pour ce faire, passage obligé par le salon de beauté. Coiffure, maquillage, manucure, pédicure, épilation, extensions de cils, soins du visage, pose de vernis… On ne lésine pas sur le total relooking… quitte à forcer (parfois) un peu sur la dose !

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Dress code des invités

Les convives commencent à affluer sur le lieu du mariage vers 20 h ou 21 h… La mariée, elle, n’est pas encore là (elle apparaît rarement avant 23 h !). Pourtant le spectacle visuel et sonore a déjà commencé. Caftans, takchitas et parures soyeuses défilent aux rythmes des chants traditionnels propulsés par l’orchestre. Les couleurs sont partout : fuchia, doré, rose, rouge, bleu, vert, orange au point qu’on se demande si la mariée pourra rivaliser. L’heure est aux salutations, aux retrouvailles, aux accolades et les jus de fruits, le thé, les petits fours et les fruits secs s’invitent sur les tables.

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L’Amariya

Le cortège des mariés fait du bruit dans la rue… Bendir (instrument à percussion), ghayta (instrument à vent) et chants traditionnels annoncent l’arrivée de la mariée qui ne tarde pas à faire une entrée très remarquée dans la salle. Assisse sur son Amariya (sorte de palanquin en bois), la mariée est soulevée par des porteurs en cape blanche qui la font valdinguer en rythme dans la salle. Les youyous fusent de toutes parts, les applaudissements retentissent, des pétales de roses volent en éclat sur la mariée, les émotions se délient au rythme de la musique. À ce moment, les convives se voient littéralement transportés dans l’univers des 1001 nuits… Et le marié, me direz-vous ? Il est bien là, au pied de sa dulcinée … oui mais voilà, on l’aperçoit à peine…  Et pour cause, les regards n’en n’ont que pour la mariée !

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Les tenues de la mariée

Au Maroc il n’est pas question de robe de la mariée, mais bien de robes de la mariée (notez bien le pluriel du mot « robe »)… Un vrai défilé digne de la Fashion Week ! Trois tenues (le minimum), quatre tenues, cinq tenues ou sept tenues : c’est selon. La Takchita haute-couture, sorte de longue robe doublée, soyeuse et satinée retenue par une large ceinture ouvre le bal.

Caftans et tenues régionales prennent ensuite le relais. La fassiya (tenue de Fès), la R’batia (de Rabat), la Saharouiya (du Sahara), la Soussia (de la région du Souss) ou la Chamaliya (du Nord) offrent un aperçu des plus belles traditions vestimentaires du Royaume. La robe blanche, dite européenne est très souvent de la partie tout comme (plus rare) le sari indien. Le voyageur qui a la chance de prendre part à la cérémonie lors d’un séjour au Maroc est sur orbite ! C’est sans parler des colliers, des diadèmes, des boucles d’oreilles et des parures de bijoux. La mariée, véritable Shérazade des temps modernes en met plein la vue…

Et le marié, me direz-vous encore ? Il est toujours là, effacé derrière la reine de la soirée… C’est pas faute d’avoir fait des efforts pour revêtir son plus beau costume, sa plus belle djellaba, sa plus belle gandoura… Mais non, il n’y en a toujours que pour la mariée !

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Les neggafat

Véritable wedding planer « à la marocaine », les neggafat sont les garantes du respect des rites nuptiaux marocains. Au nombre de 4 ou de 5, elles assistent la mariée tout au long de la soirée. Timing, tenues, parures de bijoux, maquillage, coiffure : rien ne leur échappe. Pas même les plis du caftan qui doivent tomber comme il faut pour la photo ou la posture de la mariée qui doit être digne de la princesse officielle du Maroc. Dans les villes, on s’arrache les meilleures neggafat, celles qui ont leur réputation ou qui sont à la mode. À noter qu’il existe aussi quelques negaf’ (hommes en chef) mais c’est plutôt rare.

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Le trône des mariés

Une estrade surélevée surmonté d’un sofa auréolé de coussins et de fleurs qui trône en évidence dans la salle du mariage… Késako ? C’est le trône des mariés ! Entre deux parades de tenues, il offre son assise douillette aux heureux élus qui pourront ainsi être admirés de tous. Pour les convives, ce sera aussi l’occasion de se faire photographier aux côtés des stars de la soirée.

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Le repas du mariage

Pas de plan de table dans les mariages marocains, on s’assied là où on veut, avec qui on veut. Au menu ? Le dîner classique (et pantagruélique) de mariage (pastilla, méchoui, corbeille de fruits et gâteau glacé) tend de plus en plus à être remplacé par des mets et des formules inspirées d’ailleurs (cocktails dînatoires, buffets etc.).

Tout au long de la soirée, jus de fruits frais et thé à la menthe accompagnent les pâtisseries. Puis, vers la fin de la soirée, la pièce-montée fait son entrée et est prétexte à toute un cérémoniel photographique de « coupé de gâteau ». Dans certains mariages, la harira vient clôturer la fête au petit-matin, à l’instar de la soupe à l’oignon française.

Ne cherchez pas le champagne ou le vin, il n’y en a pas (ou très rarement) : mariage musulman oblige. Et s’il y en a, il faut souvent le chercher dans un bar réservé, séparé de la salle principale… voire dans les coffres des véhicules sur le parking. Mais, vous n’êtes pas venus pour cela, hein ?

Le méchoui : un grand classique des repas de mariage marocain (végétariens : passez votre chemin/plat !).
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La musique

Si l’événement est visuel, il est aussi sonore… Impossible pour le voisinage qui ne serait pas convié à la fête d’ignorer le mariage de leurs voisins ! Orchestres arabo-andalous (genre classique et mélodique), groupes de musique châabi (genre populaire et festif) et/ou Dakka Marrakchias (genre populaire de Marrakech) se partagent la scène musicale de l’événement qui balance entre mélodies d’ambiance et parties de pulsations rythmiques. Lorsque l’assemblée décolle, les battements de mains fusent, les cercles de danse s’élargissent et les corps vibrent au diapason des pulsations. Les danseurs les plus aguerris font trembler hanches, épaules et jambes en cadence… C’est la fête !

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