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NOTE SISMOLOGIQUE Par : Nacer Jabour Chef de division de l’Institut National de Géophysique

Maghreb Observateur, le 19 Septembre 2023

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CNRST

L’Institut National de Géophysique (ING) relevant du CNRST assure la surveillance et l’alerte sismique et du tsunami du territoire national, 24h/24 et 7j/7. Il réalise également des études techniques des sites pour les grands projets d’équipement, nous a souligné Mr Nacer Jabour Chef de division de l’Institut National de Géophysique dans un entretien téléphonique.

Le réseau sismique national est renforcé également par des stations accélérométriques pour l’enregistrement des mouvements forts, des stations GPS pour la mesure des déformations lentes des couches superficielles, et des marégraphes pour la mesure du niveau de la mer, indispensables pour l’alerte au tsunami.

L’activité sismique est suivie en temps réel à travers le réseau de stations sismiques reliées par V-SAT à la centrale d’acquisition et de traitement à Rabat.

Plusieurs cartes d’aléa et de risque de tsunamis ont été également réalisées au Maroc par des chercheurs universitaires et des groupes de travail durant les deux dernières décennies. Les cartes d’aléa de tsunamis donnent les temps d’arrivée de la première vague du tsunami choisi parmi plusieurs scenarios ainsi que la hauteur de la vague sur des points de prédiction sur la cote, villes, ports, installations particulières.

Quelques cartes d’aléa tsunami sont accompagnées également de plans d’évacuation de la bande côtière menacée, a t’il affirmé.

Mr Jabour nous explique le phénomène qui s’est produit la nuit du Vendredi 8 Septembre 2023.

SEISME DU 8 SEPTEMBRE 2023

Le Vendredi 8 Septembre 2023, une forte secousse tellurique a été enregistrée à 23h : 11m par l’ING-CNRST. D’une magnitude de 7 degrés sur l’échelle de Richter, cette secousse a été ressentie par la population à travers plusieurs villes du Royaume, de Tanger au Nord jusqu’à Tan Tan au Sud.

L’épicentre de ce séisme a eu lieu sous le Haut Atlas dans la commune de Ighil, province d’Al Haouz à une distance de ~60km au sud-ouest de la ville de Marrakech.

Cette secousse a été suivie assez rapidement par une série de secousses répliques dont la plus forte a atteint la magnitude 5.7, vingt minutes après le choc principal.

Historiquement, la région du Haut-Atlas a connu par le passé des séismes très localisés. Cette fois-ci, le choc sismique a atteint un niveau sans précédent ce qui peut expliquer l’intensité remarquée dans les villages de la région sinistrée. En plus des dégâts matériels, ce séisme a provoqué des dizaines de glissements de terrains ce qui a retardé les opérations d’intervention des équipes de secours.

Le relief très accidenté de la zone épicentrale a également amplifié les vibrations sismiques, les chutes de rochers sur les pentes ont occasionné des dégâts supplémentaires aux constructions déjà fragilisées par les ébranlements sismiques.

La faille causale a cédé sous l’accumulation des contraintes tectoniques dues au rapprochement des plaques africaine et eurasienne dans un domaine intra-plaque, ce rapprochement estimé à quelques millimètres par an est responsable des déformations de la croute terrestre et d’où résulte plusieurs traces de rupture parfois visibles en surface.

Plusieurs tremblements de terre sont toujours localisés dans la région épicentrale. Leur nombre et leur énergie sont en diminution graduelle et la plupart ne sont pas ressenties par la population.

Les quelques fortes répliques ressenties par la population n’ont pas l’énergie de la secousse sismique principale mais leurs intensités sont liées à plusieurs facteurs tels que la position géographique de l’épicentre par rapport aux zones urbaines, la profondeur du foyer ou l’hypocentre et dans une certaine mesure à l’heure d’occurrence du séisme, sachant que pendant la nuit les ébranlements sismiques sont relativement mieux ressenties par la population.

A part les crises sismiques caractérisées par un choc principal ou choc majeur, le Maroc connait souvent des essaims sismiques avec des événements ressentis et localisés dans une seule région. Ces événements sismiques répartis sur une période de temps parfois longue (jusqu’à plusieurs mois).

Les séismes modérés, mêmes s’ils dépassent la magnitude 4 sur l’échelle de Richter ne provoquent pas de dégâts, leurs effets se limitent au bâti ancien, mais ces chocs sont déclencheurs des petits séismes, généralement non ressentis par la population.

La tendance répétitive des séismes ressentis provoque parfois des situations de panique malgré les faibles magnitudes des évènements sismiques.

La reconstruction de cette région sinistrée nécessite une planification très détaillée tenant compte à la fois de la sévérité sismique dans toute la région et aussi des effets de sites liés aux types de sols sans oublier les risques d’inondation.

Le respect des caractéristiques architecturales de la région suivre un dimensionnement adéquat des structures et une utilisation efficace et efficiente des matériaux de construction locaux.

La culture sismique locale doit être également accompagnée par un effort de sensibilisation des populations sur les risques directs ou induits et les mesures de prévention, a conclue le Chef de division de l’Institut National de Géophysique.

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