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Parkinson : traiter les tremblements avec des ultrasons

Opérer le cerveau sans scalpel ni anesthésie. C’est ce que propose la neurochirurgie par ultrasons focalisés guidés par imagerie par résonance magnétique. Une cinquantaine de patients québécois souffrant de la maladie de Parkinson et de tremblements essentiels ont pu en bénéficier.Un homme assis lève les bras devant lui à la hauteur des épaules.  Ouvrir en mode plein écran

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François Laurin est aux prises avec des tremblements essentiels, un syndrome qui affecte surtout les mains, en raison de la maladie de Parkinson.

François Laurin a appris qu’il souffrait de la maladie de Parkinson il y a dix ans. Il est aussi atteint de tremblements essentiels, un syndrome qui affecte surtout les mains.

Pour contrôler ses mouvements, le septuagénaire prend plusieurs médicaments. Il sait aussi que bientôt, très bientôt, la maladie deviendra incontrôlable.

À ce moment, plus rien n’empêchera son corps de trembler, car à mesure que la maladie progresse, l’efficacité de la médication diminue.Un homme devant une fenêtre. Ouvrir en mode plein écran

François Laurin souffre de la maladie de Parkinson depuis dix ans.

PHOTO : RADIO-CANADA

Le problème : son médecin ne peut plus augmenter la dose.

De quoi j’aurai l’air dans deux ans? Je ne sais pas. Ça va en se détériorant.Une citation deFrançois Laurin

Il existe une nouvelle solution. Et c’est le Dr Abbas Sadikot, neurochirurgien à l’Institut-hôpital neurologique de Montréal, qui la lui a proposée.

Le spécialiste compte opérer son cerveau sans incision ni anesthésie. Il utilisera plutôt des ultrasons, des ondes sonores inaudibles par l’oreille humaine. Il s’agit en fait d’une neurochirurgie par ultrasons focalisés guidés par imagerie par résonance magnétique.

Nous avons une technologie non invasive qui nous permet de brûler les neurones malades, ceux qui génèrent le tremblement, explique le neurochirurgien.Dr Abbas Sadikot est assis devant des écrans dans une salle. Ouvrir en mode plein écran

Le Dr Abbas Sadikot est neurochirurgien à l’Institut-hôpital neurologique de Montréal.

PHOTO : RADIO-CANADA

Le Dr Sadikot rappelle que cette opération est réservée aux patients réfractaires à la médication. Curieusement, l’épaisseur de la boîte crânienne figure aussi sur la liste des critères de sélection. Trop épaisse, elle empêcherait les ondes d’atteindre la cible.

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Mesurer les tremblements

L’opération s’est déroulée le 21 avril 2023. Ce matin-là, à la demande du Dr Sadikot, François Laurin n’a pas pris ses médicaments. Les tremblements sont intenses, mais nécessaires. Nécessaires, car ils permettent de vérifier, en direct, si le traitement fonctionne.

On installe le patient dans l’appareil d’imagerie de résonance magnétique, le fameux IRM. Il devra y rester pendant des heures. Immobile… et éveillé.Un homme sur une civière en jaquette d'hôpital avec un disque autour de la tête. Ouvrir en mode plein écran

François Laurin porte autour de sa tête un appareil qui a bombardé son cerveau d’ultrasons.

PHOTO : RADIO-CANADA

De plus, on a placé autour de sa tête un appareil qui bombardera son cerveau d’ultrasons. Près de mille faisceaux d’ultrasons seront émis en même temps.

Chaque faisceau n’a pas suffisamment d’énergie pour endommager le cerveau. Mais lorsque les faisceaux convergent au point focal, la chaleur se produit. Les neurones brûlent. La lésion est irréversible.

La cible est connue, c’est le thalamus moteur. C’est là que se trouvent les neurones malades responsables des tremblements du bras droit. Situé entre le cortex et le tronc cérébral, le thalamus se compose de deux noyaux de la forme d’un œuf.Une illustration montrant des faisceaux qui convergent sur une cible. Ouvrir en mode plein écran

L’opération consiste à émettre environ mille faisceaux d’ultrasons en même temps sur une cible pour brûler des neurones dans le cerveau du patient.

PHOTO : RADIO-CANADA

Le tremblement du côté droit prend naissance dans la partie gauche du thalamus, et vice-versa. On va brûler une partie d’à peine un centimètre carré.

On produira entre 5 à 10 lésions d’un à 5 millimètres de diamètre. Après chaque lésion, on va observer le tremblement pour être certain qu’on traite bien les tremblements.Une citation deDr Abbas Sadikot, neurochirurgien

On active l’appareil. Au niveau du thalamus, la température augmente. Les neurones chauffent. Les sensations sont douloureuses, mais tolérables. François Laurin tient le coup.

Élargir la lésion

Maintenant, grâce à la résonance magnétique, on peut voir la lésion sur le thalamus. La première étape est franchie, une excellente nouvelle. Mais les tremblements ont-ils diminué?

Jusqu’à présent, on n’a pas produit une lésion convaincante. Il y a un petit changement, une petite réduction de certains tremblements, mais pas autant que je voudrais, affirme le Dr Sadikot.Un écran montre l'intérieur du crâne d'un homme. Ouvrir en mode plein écran

Le neurochirurgien peut voir sur le moniteur la lésion qu’il provoque dans le cerveau du patient.

PHOTO : RADIO-CANADA

Dans l’heure qui suit, on élargit la lésion. Après chaque lésion, on prend des images du cerveau. M. Laurin est dans l’IRM depuis maintenant cinq heures. Les tremblements ont diminué, mais ils sont encore présents, ce qui n’a rien d’anormal.

C’est certain que, comme neurochirurgien, on aimerait ne voir aucun tremblement. Le patient aussi. Mais ce n’est pas nécessairement le but. L’objectif premier avec la chirurgie, c’est d’améliorer le fonctionnement des mains, soutient le Dr Sadikot.

Au bout de six heures, l’intervention est terminée. Le Dr Sadikot a produit cinq lésions. L’efficacité du traitement est optimale trois mois après l’opération.Un homme alité entre dans un grand tube. Ouvrir en mode plein écran

François Laurin a passé des heures dans l’appareil d’imagerie de résonance magnétique, le fameux IRM.

PHOTO : RADIO-CANADA

Pour en prendre la mesure, l’équipe de Découverte est retournée voir François Laurin au mois d’août. Selon ses dires, les résultats ne sont rien de moins que miraculeux.

Mes tremblements ont cessé. Je suis plus que content du résultat, je suis vraiment satisfait. Anciennement, on aurait appelé ça un miracle.Une citation deFrançois Laurin

François Laurin est maintenant en mesure de reprendre la majorité de ses activités, sans aucune gêne. Passer la tondeuse, recevoir des amis à souper…. bref, il renoue avec une certaine qualité de vie.

Le reportage de Danny Lemieux est diffusé à l’émission Découverte le dimanche à 18 h 30 sur ICI Radio-Canada Télé.

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