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Le Canada appelé à s’ouvrir davantage aux étudiants africains

Le Canada est montré du doigt depuis des mois pour son refus massif d’étudiants francophones en provenance du continent africain.

Vues d'Afrique
Un homme et une femme se serrent la main.

Justin Trudeau en compagnie de la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, à Djerba, en Tunisie.

PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / SEAN KILPATRICK

Louis Blouin

Louis Blouin

Louis BlouinPublié le 20 novembre 2022

Un délégué africain au Sommet de la Francophonie demande au Canada de s’ouvrir davantage à l’immigration en provenance de son continent. En Tunisie, cet enjeu délicat poursuit le gouvernement Trudeau alors qu’il tente de resserrer ses liens avec les pays d’Afrique.

Sur le site d’exposition nommé le Village de la Francophonie à Djerba, il y a toujours de l’activité devant les kiosques du Québec et du Canada. Beaucoup de gens s’informent des procédures d’immigration dans l’espoir d’obtenir leur laissez-passer vers le Canada.

J’ai un fils qui a eu son baccalauréat. Je voulais savoir s’il y a une possibilité pour qu’il puisse terminer ses études au Canada, explique une dame devant le comptoir. Je cherche comment faire et à qui m’adresser, ajoute-t-elle.

Toutefois, le processus n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît. Le Canada est sévèrement critiqué pour son refus massif de permis d’études pour les ressortissants africains. Immigration Canada leur reproche, la plupart du temps, d’avoir l’intention de rester au Canada à la fin de leur formation.

Des gens font la file devant le kiosque du Canada.

Le kiosque du Canada est très fréquenté au Sommet de la Francophonie, à Djerba, en Tunisie.

PHOTO : RADIO-CANADA / LOUIS BLOUIN

Avant le Sommet de la Francophonie, cette affaire a même attiré l’attention de la presse internationale. Le journal Le Monde titrait le 8 novembre dernier : Le rêve canadien, un mirage pour beaucoup d’étudiants d’Afrique francophone.

Les procédures peuvent paraître assez difficiles, assez complexes, souligne Maguèye Toure, directeur de la Francophonie du ministère des Affaires étrangères du Sénégal, au micro de Radio-Canada.

Il demande aux pays riches comme le Canada d’assouplir les procédures d’entrée surtout pour les étudiants, les artistes et les entrepreneurs.

« Il faut que la circulation des gens puisse se faire dans tous les sens entre les pays du Nord et les pays du Sud, et vice-versa. C’est important qu’on réfléchisse. »— Une citation de  Maguèye Toure, directeur de la Francophonie du ministère des Affaires étrangères du Sénégal

Le représentant sénégalais s’explique mal ces barrières pour entrer au Canada, dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre. Je sais que le Canada a un besoin parce qu’il y a des emplois qui doivent être pourvus, souligne-t-il.

Dans un monde en circulation, M. Toure souligne que les jeunes ont particulièrement besoin de contacts en personne, et pas seulement virtuels, pour mener à bien leurs divers projets.

Ottawa promet des améliorations

Appelée à réagir lors d’une mêlée de presse au Sommet de la Francophonie, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a préféré renvoyer la balle à la secrétaire parlementaire du ministre de l’Immigration, aussi présente.

Dans une réponse vague, Marie-France Lalonde admet qu’il y a encore des défisOn travaille très, très fort pour améliorer les processus et les échanges entre ces demandeurs et nos agents, souligne-t-elle.

Interrogé à son tour, le premier ministre Justin Trudeau a dit être déçu des taux de refus des étudiants en provenance de l’Afrique et que la situation allait être corrigée.

« J’ai demandé directement au ministre [de l’Immigration Sean] Fraser de se pencher sur cet enjeu-là, on a besoin de plus en plus d’étudiants et d’immigrants francophones. »— Une citation de  Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Mélanie Joly parle dans un micro. Une femme se tient à ses côtés.

Mélanie Joly au Sommet de la Francophonie, en Tunisie. Elle est accompagnée de la secrétaire parlementaire du ministre de l’Immigration, Marie-France Lalonde.

PHOTO : RADIO-CANADA / LOUIS BLOUIN

Récemment, le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a promis de revoir le processus de sélection des étudiants étrangers pour que ces derniers soient évalués en fonction de critères davantage liés à leur potentiel et à leur valeur.

Dans un document publié en ligne en septembre, Immigration Canada a reconnu qu’il y avait du racisme dans sa propre organisation et a promis de mener une étude interne sur la question.

Une seule rencontre bilatérale avec un dirigeant africain

Pendant son passage de deux jours, Justin Trudeau n’avait aucune rencontre bilatérale officielle prévue dans son programme initial avec des dirigeants de pays africain, même s’ils sont nombreux au Sommet de la Francophonie.

Finalement, une rencontre s’est ajoutée à l’horaire dimanche avec le président du Niger.

Ce sont des retrouvailles entre le Niger et le Canada qui était l’un de nos plus grands partenaires de coopération dans les années 1970, a rappelé le président nigérien, Mohamed Bazoum. Il y a eu une petite distanciation, mais nous allons travailler pour faire en sorte que nos liens se resserrent.

Le premier ministre a aussi pris le temps de s’asseoir pour des tête-à-tête officiels avec les premiers ministres du Québec et de l’Arménie, et avec le président suisse.

Deux hommes discutent devant des drapeaux canadiens.

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, s’entretient avec le président suisse, Ignazio Cassis.

PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / SEAN KILPATRICK

Interrogée à ce sujet, Mélanie Joly rejette l’idée que son gouvernement a accordé peu de temps aux pays africains. En dehors des réunions bilatérales officielles, la ministre assure qu’elle et le premier ministre ont eu de nombreuses conversations avec des pays comme le Bénin, le Gabon et le Sénégal, par exemple. Je fais mon travail, c’est-à-dire établir des liens avec ces pays, a-t-elle souligné.

Présentement, on sait que la Chine et la Russie essaient d’exercer leur influence ici. C’est important pour le Canada d’être présent en Tunisie et aussi à travers le continent africain, a-t-elle expliqué.

Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1934099/canada-etudiants-africains-immigration-afrique-visa

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