C’est la dixième fusillade qui secoue Molenbeek depuis le début de l’année scolaire. Un conseil communal extraordinaire est demandé par El Khannous ; Moureaux se dit quant à elle « en colère » et renvoie la balle à la ministre de l’Intérieur…La voiture utilisée pour conduire le blessé par balle(s) à l’hôpital avant sa prise en charge par une ambulance… – D. H.
Une fusillade a de nouveau eu lieu à Molenbeek ce jeudi après-midi, aux alentours de 13 h 30, à hauteur de la rue de l’Intendant. La police est actuellement sur place et un emportant périmètre de sécurité a été instauré. Deux blessés sont à déplorer. L’un par balle(s) dans le pied, l’autre par coups de couteau dans le dos. Ils ont été emmenés à l’hôpital. Seuls les jours de la victime blessée par coups de couteau sont considérés comme en danger. Plusieurs impacts de balles ont été retrouvés dans la carrosserie d’une voiture en stationnement. Il y a donc eu plusieurs coups de feu ! L’Opel Astra (cf. illustrations) entourée par un périmètre de sécurité est la voiture qui a été utilisée pour emmener le blessé par balle(s) à l’hôpital. Avant que ce dernier ne soit pris en charge par une ambulance qui passait par là.
C’est déjà la dixième fusillade qui secoue la commune depuis le début de l’année scolaire ! Pour rappel, un lien a été fait par les enquêteurs entre certaines de ces fusillades : une guerre de territoire sur fond de trafic de stupéfiants, mais on ignore toutefois à ce stade le potentiel contexte de ce dernier déchaînement de violence. Il pourrait s’agir d’une dispute / bagarre qui a « dégénéré », nous dit-on… « Ce n’est plus Molenbeek, ce sont les favelas de Rio de Janeiro », ironisent des jeunes du quartier que nous avons croisés sur place et qui préfèrent « se mêler de (leurs) oignons » que de nous dire ce qu’ils savent.
« Pour la 10e fois ces derniers mois, une fusillade avec cette fois-ci deux blessés s’est déroulé sur notre territoire. Celle-ci a eu lieu rue de l’intendant devant la salle de sport dans laquelle se trouvaient de nombreux enfants et des jeunes. La situation en matière de violence liée au trafic de stupéfiants devient insoutenable pour nos concitoyens. De plus, depuis presque 4 ans, plus aucun projet de formation ou de mise à l’emploi n’est proposé aux jeunes de nos quartiers qui sont en ruptures et qui sont les premières victimes des trafiquants de drogues », contextualise le conseiller communal molenbeekois Ahmed El Khannouss (Les Engagés).
Conseil communal extraordinaire demandé
« Pour toutes ces raisons, je vous demande officiellement de convoquer en urgence un conseil communal extraordinaire sans que nécessairement je collecte les 15 signatures nécessaires comme c’est prévu dans la nouvelle loi communale. La situation est gravissime et nous sommes prêts mes collègues et moi à faire des propositions concrètes pour améliorer la situation en matière de prévention », souligne Ahmed El Khannouss.
« Les deux points que je souhaite mettre à l’ordre du jour sont les suivants la situation chiffrée en matière de violence / délits sur le territoire de la commune et mesures à prendre pour endiguer surtout cette violence extrême ; et la politique de prévention et projets de prise en charge des jeunes dans les quartiers au niveau de propositions de formations professionnelles et de projets de mise au travail de ces jeunes », précise-t-il.
Moureaux « en colère »
De son côté, la bourgmestre molenbeekoise, Catherine Moureaux (PS), a réagi sur Twitter comme suit : « Je suis en colère. De nouveaux coups de feu dans ma commune. J’avais parlé et écrit deux fois à la ministre de l’Intérieur pour l’alerter sur le besoin urgent de forces de police supplémentaires. J’exige une réponse immédiate ».
Et de poursuivre : « Le fédéral ne peut pas détourner les yeux de ce qui se passe ici. Il doit mettre les moyens sur la table pour mettre réellement à mal les trafiquants de stupéfiants et d’armes. Molenbeek aussi a droit à la sécurité ! »
« Nos policiers travaillent beaucoup et bien. Mais ceci dépasse clairement les seuls moyens de la police locale, pour laquelle je réclame par ailleurs depuis le printemps 2019 davantage de cadre et d’hommes ! », conclut Catherine Moureaux.
Source : Sudinfo