Mise à jour, le 10-12-2023
M. Noureddine Razik
Conseiller en intervention interculturelle clinique
- Membre de la société de criminologie du Québec
- Congressiste au Forum international sur l’enfance et la violence (Laval, juillet 1999)
- Participant au Congrès mondial sur la violence et la coexistence humaine (Montréal, juillet 1992)
- Auteur de plusieurs articles sur la jeunesse et la violence
- Auteur d’une étude commanditée par le maire de la ville M. J. B. Bourcier sur la violence raciale à Chateauguay (1996)
Dans cette deuxième chronique sur la Protection de l’enfance et la jeunesse, j’ai choisi deux sujets qui soulèvent l’angoisse et la détresse vécue par des enfants et familles musulmanes et immigrants.
Les enfants de l’immigration est une inspiration de ma propre pratique clinique comme intervenant dans le milieu, il s’agit d’un partage empirique basé sur des cas vécus et dont toute identification a été évitée par mesure de confidentialité.
Avec la proximité culturelle que j’ai face à cette situation, l’expression de ma compassion exige autant de faits concrets que d’audace à étaler la problématique… c’est fait!
Ma critique se veut toutefois non pas un blâme à jeter mais plutôt une collaboration pour éveiller aidants et aidés à mieux s’organiser pour faire de l’intervention lorsqu’elle s’impose une opportunité de changement positif pour le jeune et sa famille. Mon approche est clairement familiale, les placements hâtifs, mal choisis ou inutiles ont rendu de bien mauvais service à certains enfants et leur famille, tel n’est pas le but de la loi. Puisse donc, cet article inciter à une introspection des acteurs et cela dans le but de servir adéquatement la communauté, la famille et l’enfant.
Les enfants de l’immigration
L’expérience migratoire pet être un vécu enrichissant, stimulant, l’appréhension veut que la cohabitation des cultures donne une saveur particulière aux interactions sociales, aux échanges des valeurs, des styles de vie…
Malheureusement pour certains, ce projet de vie qu’est l’immigration est ponctué de difficultés, d’obstacles. Mais la ténacité de l’immigrant; sa persévérance lui font parfois traverser des moments difficiles avec succès
D’autres par contre, tirent de l’expérience migratoire un goût amer, une déception, leurs rêves sont brisés et cette terre promise devient pour eux un enfer d’où il est trop tard de faire marche arrière.
C’est le cas de ces familles qui ont immigré principalement pour l’avenir de leurs enfants, ils voulaient leur donner la meilleure éducation, une bonne instruction, de l’espoir, une moralité et des valeurs… C’est là où le bât blesse. Ces parents sont confrontés non seulement à un environnement différent, mais aussi et surtout à des valeurs différentes, ainsi la démarcation devient confuse entre liberté et libertinage, souplesse et laxisme, fermeté et rigidité les enfants se moulent facilement à la société d’accueil… ils se désintégrent de la cellule familiale ils trouvent étouffante, exigeante face à la permissivité environnante, emballante…
Ce décalage culturel parents-enfants crée un inconfort puis le malaise devient plus évident avec l’ingérence des autres, amis, école, le système en général.
Devant, les divergences qui s’accentuent ou suite à un incident, tels un mot dur, ou une gifle impulsive les services sociaux interviennent, la loi prévoit de protéger tout enfant en situation de compromission, cette loi d’exception qu’est la protection de la jeunesse dans son esprit et sa lettre réserve une place prioritaire à la famille dans son ensemble par certains agents chargés de mettre en œuvre le système des services sociaux ne sont pas toujours neutres, plus que médiateurs ils deviennent parfois une partie du problème, ce qui complique les solutions possibles, des intervenants sociaux s’impliquent donc, avec de bonnes intentions, mais parfois manquant de distance professionnelle et porteurs d’un bagage de préjugés et d’idées préconçues leur intervention peut prendre l’allure d’interventionnisme.
L’enfant saisit assez vite le choc culturel entre ses parents et l’intervenant auquel il s’identifie et qu’il utilise à ses fins traitant ses propres parents de rigides, de dépassés, de fanatiques, d’abuseurs. Les parents déjà en position vulnérable à cause d’une correction physique ou verbale maladroite se sentent insultés, leur intimité violé, décidément, ils sont en lutte de pouvoir avec leur propre enfant.
En effet, l’enfant au Canada n’étant pas objet de droit mais plutôt un sujet avec des droits et privilèges acquis, les parents se voient dépossédés de leur (bien précieux) enfant, ce dernier est en position de force, il le sait, et le fait savoir à sa famille et, pourtant ces parents disent vouloir donner le meilleur à leurs enfants… même changer de pays pour eux, ce qu’ils ont fait!
Il va de soi qu’aucune culture ne doit tolérer l’abus, ni les mauvais traitements ou la négligence des enfants, et que les cas pathologiques sont à traiter par une intervention pointue, ferme, efficace, toutefois, le discernement s’impose pour dissocier les situations, les cas en traitement, c’est un exercice qui ne semble pas acquis pour tous les intervenants.
Mon deuxième sujet sur les enfants de l’Islam est une tragédie vécue par des milliers d’enfants qui subissent les contrecoups d’une guerre menée contre l’islamisme, associé à l’Islam.
Au fait, cette terminologie pernicieuse porte atteinte à l’islam comme religion et aux musulmans comme fidèles pacifistes. L’islamisme étant un courant politique idéologique qui est loin de faire l’unanimité chez les musulmans, ces derniers sont les principales victimes de ce phénomène aberrant, et sont de farouches opposants à cette violence aveugle.
Victimes d’une situation sournoise, confuse, d’une lutte de pouvoir qui sous-tend cette brutalité, les enfants ne comprennent même pas les enjeux mais leurs vies arrachées, leurs âmes meurtries, et leur enfance bafouée interpellent nos consciences et imposent des choix courageux pour un monde en paix.
Les enfants de l’Islam :
l’agonie d’un héritage, Silence on tue
En Irak, en Tchétchénie, en Palestine, au Kosovo, au Soudan, à Srebrinca, au Liban, en Algérie, au Cachemire, dans plusieurs régions du monde les enfants musulmans sont exposés à la violence physique, psychologique, économique si ce n’est l’exploitation et l’esclavage.
Des guerres de territoires, des massacres ethniques, des conflits internationaux n’épargnent aucunement cette enfance innocente.
Nous les voyons armés de pierres faisant face à des chars d’assaut israéliens ou estropiés, agonisant, en attente de médicaments à Bagdad…
Leurs fautes? Ils ont eu la malchance d’être là où ; ils sont, et ce qu’ils sont.
Les enfants de l’Islam, ce précieux héritage de la Oumma est la cible des hostilités, des prédateurs sanguinaires, de la violence aveugle, de la barbarie inouïe, œuvre d’un monde adulte en dérive.
Pris en otage par le fanatisme qui tantôt s’en sert comme chair à canons, et subissant la terreur de ceux-là même qui disent combattre le terrorisme… ils sont fâchés par milliers dans l’indifférence totale. Les auteurs de ces monstruosités, des criminels de guerre en puissance circulent en toute impunité!
La communauté internationale subissant la désinformation et la propagande haineuse assiste dans le mutisme à cette tragédie historique, cet infanticide infâme se poursuit sous la bannière : Silence on tue!